dimanche 26 avril 2020

A confined intermezzo


Dans un monde clos et clair
Sans océan ni rivières,
Une nef cherche la mer
De l'étrave qui résiste
Mal aux caresses de l'air,
Elle avance sur l'horreur
De demeurer immobile
Sans que sa voile fragile
En tire un peu de bonheur.
Ses flancs ne sont pas mouillés
Par l'eau saline impossible
Et les dauphins familiers
Lentement imaginés
Ne le prennent pas pour cible.

Son équipage figé
Attend le long de la lisse
Que l'océan se déclare
Et que l'heure soit propice.
Si l'on regarde de près
Chaque marin tour à tour
On voit d'année en année
Que chacun de ces visages,
Mieux que s'ils étaient de pierre,
Ne vieillit pas d'un seul jour.

Mais un navire identique
Vogue sur le Pacifique
Avec de pareils marins,
Mais ils vivent, vont et viennent
Et chacun a son travail,
L'un monte au mât de misaine,
Un autre à la passerelle
Se penche sur le sextant
Et voici de vrais dauphins
Sous les yeux du Capitaine
Parmi l'écume marine
Qui chante d'être elle-même.

Jules Supervielle
Equipages, Gravitations



Dear all still following my paper boats, 
We hope you are all well in these difficult times. While social media are probably very active, I've been silent here for weeks. Confined time is extra frustrating for a film photographer. Not only must I be parsimonious in the use of my few films left, but there is no way to get them processed for the time being. So, such an important matter as cherry blossom views from my window will show up together with roses, later, all confined days at a time, when this will come to an end.
In the meanwhile, it's always possible to play around with old photographs - provided I could find time in these overloaded days...